L’effondrement d’Atos soulève des défis cruciaux pour l’État en matière de souveraineté industrielle. Quelles actions sont nécessaires pour relever ce défi ?
Les difficultés financières et stratégiques d’Atos
Depuis plusieurs années, Atos rencontre des difficultés financières et stratégiques. Après une période de croissance rapide sous la direction de Thierry Breton, l’ancien PDG du groupe devenu commissaire européen, Atos a lancé un plan de séparation de ses activités en juin 2022. C’est à ce moment-là que les problèmes ont commencé à se multiplier pour l’entreprise.
Le rôle de l’État pour défendre les intérêts stratégiques d’Atos
Face à l’effondrement imminent d’Atos, l’État a pris la décision d’intervenir pour défendre les intérêts stratégiques de l’entreprise. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a souligné le rôle de l’État dans la protection des technologies sensibles et cruciales pour la souveraineté nationale, telles que les supercalculateurs et les systèmes de défense.
La lettre d’intention de l’Agence des participations de l’État
L’Agence des participations de l’État a soumis une lettre d’intention pour racheter les activités les plus importantes d’Atos, à savoir les produits de cybersécurité, les ordinateurs de haute performance et les systèmes dits « critiques ». Cette lettre d’intention marque le début de négociations qui pourraient aboutir à une offre d’achat de la part de l’État.
Les enjeux de l’opération de rachat
Si l’opération de rachat des activités critiques d’Atos par l’État aboutit, elle permettra à l’entreprise de disposer de liquidités nécessaires pour faire face à ses difficultés financières. Pour les finances publiques, le coût de cette opération serait supportable, estimé entre 700 millions et 900 millions d’euros. De plus, cette exfiltration des activités sensibles est largement approuvée par l’ensemble du personnel politique.
Le risque de démantèlement et l’intérêt de Daniel Kretinsky
Il est important de souligner le risque de démantèlement qu’aurait pu entraîner la vente des activités civiles d’Atos à l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky. Bien que ces activités soient moins sensibles pour l’État, leur transfert aurait fragilisé l’équilibre financier des activités restantes chez Atos. C’est pour éviter ce scénario que l’État a décidé d’intervenir.
Les critiques sur l’intervention tardive de l’État
L’intervention de l’État dans le dossier Atos a été vivement critiquée pour son caractère tardif et insuffisant. Malgré les alertes concernant les difficultés de l’entreprise, il a fallu attendre septembre 2023 pour que le gouvernement reconnaisse publiquement sa vigilance. Le rapport de la mission d’information sénatoriale a notamment souligné les lacunes de l’État dans sa protection des intérêts souverains.
L’effondrement d’Atos met en lumière les défis auxquels l’État est confronté dans la mise en place d’une stratégie de souveraineté industrielle. Cette intervention d’urgence montre la nécessité de renforcer la protection des entreprises stratégiques et de développer une vision à long terme pour assurer la pérennité de l’industrie française.