Le projet de covoiturage sanitaire divise les malades et les taxis
Un décret actuellement en concertation suscite des débats autour du covoiturage sanitaire, une mesure visant à mutualiser les trajets des patients médicalisés en ambulance ou en taxi. Cette initiative, perçue comme une opportunité d’économie par le gouvernement, divise les malades et les taxis.
Les détails du projet de décret
Le projet de décret prévoit que les patients ne pourront bénéficier du tiers payant et devront avancer les frais du covoiturage, sauf en cas de raison médicale valable pour refuser cette option. Ils seront ensuite remboursés par l’Assurance maladie sur la base du tarif de transport partagé. Une pénalité sera également appliquée à partir de 2025. Il faut souligner que le transport partagé exclut les cas d’urgence, et c’est au médecin de décider s’il y a recours au covoiturage ou non.
Concernant les détails techniques du covoiturage sanitaire, il est précisé que rien n’est encore officialisé en termes de kilométrage. Le projet initial mentionne une possibilité de détour de 10 kilomètres par passager, dans la limite d’un détour total de 30 kilomètres. Cependant, ces chiffres doivent encore être définis lors des discussions en cours au ministère de la Santé.
Préoccupations et inquiétudes des malades
Ce projet suscite des inquiétudes parmi les associations de malades, notamment pour les patients sous dialyse ou chimiothérapie. Ces derniers craignent une dégradation du service et des retards ou attentions insuffisantes liés à cette nouvelle organisation des transports. Des préoccupations supplémentaires concernent l’absence d’obligation de port du masque et de gestes barrières dans les véhicules utilisés pour le covoiturage sanitaire.
L’association Renaloo, qui représente des patients souffrant de maladies rénales, a écrit au ministère de la Santé et à l’Assurance maladie pour demander que les délais d’attente et les temps de trajet soient pris en compte afin de ne pas compromettre la qualité et la continuité des soins. D’autres associations de patients partagent ces préoccupations et appellent à la prise en considération de ces aspects dans la mise en place du covoiturage sanitaire.
Les enjeux économiques du covoiturage sanitaire
Pour le gouvernement, le covoiturage sanitaire représente une opportunité d’économie majeure. En effet, les dépenses liées aux transports sanitaires représentent une somme considérable, s’élevant à 5,5 milliards d’euros en 2022 selon l’Assurance maladie. Le gouvernement souhaite réduire le coût de ces trajets pour la Sécurité sociale en encourageant le covoiturage, et vise une économie de 100 millions d’euros par an entre 2025 et 2027.
Outre l’aspect économique, le gouvernement met également en avant l’amélioration de la réponse aux besoins de transport médical ainsi que la réduction de l’empreinte écologique de ce secteur d’activité. Cependant, ces arguments ne convainquent pas les taxis, qui soulignent le manque à gagner potentiel pour leur profession, en particulier dans les zones rurales où le transport médical représente une part importante de leur chiffre d’affaires.
Le projet de covoiturage sanitaire divise les malades et les taxis. Si le gouvernement y voit une opportunité d’économie et d’amélioration de l’efficacité du système de transport médical, les associations de malades et les taxis expriment des inquiétudes quant aux retards, à la qualité des soins et aux conséquences économiques pour les professionnels du transport. La mise en place de cette mesure nécessitera une attention particulière quant à la prise en compte des besoins des malades et à la préservation de la qualité des soins.