L’Italie, une ambition énergétique en Méditerranée
Avec une carte du bassin méditerranéen sous les yeux, l’idée frappe comme une évidence géopolitique. Au sud, les immensités africaines avec leurs ressources en hydrocarbures et leur potentiel en matière d’énergies renouvelables. Au nord, des économies européennes condamnées à se sevrer du gaz russe depuis l’invasion de l’Ukraine par Moscou, en février 2022. Au centre, la péninsule italienne, qui s’élance tel un pont entre les deux continents, comme appelée par la géographie à se placer au cœur de la nouvelle donne énergétique en Méditerranée.
Une diversification urgente des sources d’approvisionnement
Depuis l’invasion de l’Ukraine, l’Italie a dû diversifier rapidement ses sources d’approvisionnement en gaz pour réduire sa dépendance à la Russie. Avant la guerre, 40 % de ses fournitures en gaz provenaient de ce pays. Le méthane représente également la moitié de son mix énergétique. C’est donc avec une certaine urgence que Rome et l’entreprise italienne ENI ont mené une campagne diplomatique auprès des pays producteurs.
La volonté de devenir un hub énergétique en Méditerranée
Sous la présidence de Giorgia Meloni, l’Italie s’est fixée comme objectif de devenir un véritable « hub énergétique » en misant notamment sur le transport de gaz. Pour cela, elle a reconduit Claudio Descalzi à la tête d’ENI, l’entreprise italienne d’hydrocarbures, qui a développé des activités en Afrique. La diplomatie gazière est également une priorité, avec des visites dans plusieurs pays africains, dont six sont des partenaires d’ENI.
L’Italie renforce ses alliances gazières
L’Italie s’est tournée vers l’Algérie pour accroître les volumes passant par le gazoduc Transmed. Alger est désormais le premier exportateur de méthane vers l’Italie, remplaçant ainsi la Russie. ENI a également signé un contrat de 8 milliards de dollars avec la Libye, impliquant une augmentation des livraisons de gaz via le gazoduc Greenstream. Un accord avec le Qatar prévoit également la fourniture de 1,5 milliard de mètres cubes de GNL à partir de 2026.
L’importance des gazoducs pour l’Italie
Pour atteindre ses objectifs, l’Italie vise à augmenter la capacité des gazoducs qui la relient aux champs algériens, libyens et azerbaïdjanais via le gazoduc trans-adriatique. Cela permettrait à l’Italie de devenir un acteur clé dans l’approvisionnement en gaz des pays européens privés du gaz russe. ENI est déjà présent dans ces pays et joue un rôle crucial dans la réalisation de cette vision énergétique.