Comment Carole Le Floch a utilisé son expérience de SDF pour se reconstruire et devenir porte-parole des personnes précaires
Carole Le Floch, une femme de 52 ans, a connu une vie marquée par la violence conjugale et la précarité extrême. Après avoir fui un mari violent, elle a passé un an à la rue, dormant dans sa voiture. Une rupture de vie difficile qu’elle a surmontée en s’investissant dans la participation citoyenne et en devenant porte-parole des personnes précaires.
Carole évoque rapidement les premières années de sa vie, marquées par des parents défaillants et une éducation tronquée. À seulement 15 ans, elle se retrouve enceinte de son premier enfant et arrête l’école. Elle devient ensuite aide-soignante, mais subit pendant 27 ans des violences conjugales avant de réussir à s’échapper. Elle se retrouve alors à dormir dans sa voiture pour éviter que son mari ne la retrouve.
Après avoir été dépouillée de sa voiture par son mari, Carole se retrouve à la rue. Elle décrit cette période comme un plongeon rapide dans la précarité extrême. Elle ressent un profond isolement et expérimente même une forme de folie. Dans son livre témoignage intitulé « De la grande exclusion au pouvoir d’agir retrouvé », elle décrit ce qu’elle appelle le « syndrome du duvet profond », où elle s’enferme en elle-même, coupée du monde extérieur.
« C’est une travailleuse sociale qui m’a sauvée »
C’est grâce à une rencontre avec une travailleuse sociale, prénommée Mathilde, que Carole parvient à reprendre goût à la vie. Mathilde l’accueille dans un centre d’hébergement pour femmes victimes de violences et lui fait découvrir la participation citoyenne. Cette forme d’engagement qui consiste à impliquer les citoyens dans le processus de décision politique prend de l’ampleur dans le secteur social depuis les années 2000. Pour Carole, cela a commencé par rejoindre un groupe d’expression au sein du centre d’hébergement, même si elle avait du mal à trouver les mots après des mois de silence dans la rue.
Par la suite, Carole est invitée à participer à des réunions du Conseil régional des personnes accompagnées puis du Conseil national. Malgré ses difficultés de communication, elle s’accroche pour suivre et participer aux débats sur des sujets tels que l’hébergement d’urgence, la précarité et les aides sociales. Son implication lui permet d’être élue déléguée de cette assemblée de démocratie participative et de la représenter dans d’autres instances. Elle voit dans cette participation le moyen de se reconstruire et de renouer avec la société. Elle lit beaucoup, apprend à rédiger des comptes rendus et à adapter sa communication en fonction de son interlocuteur.
Carole Le Floch a su utiliser son expérience de SDF pour devenir porte-parole des personnes précaires. Elle a trouvé dans la participation citoyenne un moyen de reconstruire sa vie et de redonner de l’espoir à ceux qui ont connu une rupture similaire. Son parcours inspirant démontre que même dans les situations les plus difficiles, il est possible de se relever et de faire entendre sa voix.