Polémique autour des activités privées des médecins à l’hôpital public : l’AP-HP confrontée à des débats sur les rémunérations
La pratique des « consultations privées » à l’hôpital public provoque toujours certains remous dans les rangs des hospitaliers. Mais cette année un peu plus encore, à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Autorisée par la loi, cette activité libérale ouverte à des praticiens salariés doit permettre aux hôpitaux de rester attractifs, face aux sirènes d’un secteur privé bien plus rémunérateur. Mais à quel prix ?
La présentation du rapport annuel sur l’activité libérale, mardi 9 avril, devant la commission médicale d’établissement (CME) du groupe de 38 hôpitaux franciliens a provoqué des débats plus nourris que d’habitude, rapporte-t-on chez plusieurs participants. Le document, que Le Monde s’est procuré, est particulièrement détaillé : sur l’année 2022, les honoraires médians des 367 praticiens ayant eu recours à cet exercice – qui doit se limiter à deux demi-journées par semaine au maximum, et à moins de la moitié de l’activité du praticien – atteignent 112 620 euros (avant versement d’une redevance à l’hôpital, qui représente entre 15 % et 60 % du montant). Soit une progression de 25 % par rapport à l’année précédente. Avec des extrêmes : le montant moyen des honoraires perçus par les radiothérapeutes s’élève ainsi à quelque 600 000 euros, soit un bond de 140 % en sept ans.
« Certains chiffres donnent le vertige », a réagi le gériatre Christophe Trivalle sur les réseaux sociaux. La « radiothérapie-cancérologie » représente un profil très « atypique, en concentrant des niveaux d’honoraires moyens très importants », relèvent les auteurs du rapport, en rappelant que la « redevance due pour cette spécialité est aussi la plus importante », à hauteur de 60 %.
Les praticiens autorisés à une activité libérale ont globalement perçu 54 573 949 euros, soit des honoraires en progression de 18 % par rapport à 2021, avec un montant de redevance à recouvrer de 14 890 589 euros.
« Problématique pour un service public »
Mais, si le ton est monté d’un cran, jusque dans les rangs de la direction de l’établissement, c’est pour une autre raison : « Globalement, la progression de 15 % des actes et consultations libérales est à mettre en perspective avec le recul de 2 % de l’activité publique entre 2021 et 2022 », peut-on lire dans le rapport. Autrement dit, dans les rangs de cette petite portion de praticiens, il a été possible de donner un véritable coup d’accélérateur, alors que la reprise de l’activité publique, elle, est restée à la peine, à l’AP-HP comme dans de nombreux hôpitaux, après la crise du Covid-19 et les fortes tensions sur les ressources humaines qui ont perduré.
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