Comprendre la notion de ‘dette sexuelle’ : un phénomène touchant une femme sur deux

Comprendre la notion de ‘dette sexuelle’ : un phénomène touchant une femme sur deux

La dette sexuelle est un concept qui concerne de nombreuses femmes dans leur vie amoureuse. Que ce soit après un premier rendez-vous prometteur ou après de longues périodes d’abstinence au sein du couple, cette notion fait écho à un sentiment de redevabilité sexuelle.

La sexologue Margaux Terrou définit la dette sexuelle comme le fait de participer à une activité sexuelle sans en avoir ressenti le désir réel. Cette participation peut être motivée par une injonction sociale implicite ou par l’idée de remplir ce qui était auparavant considéré comme le devoir conjugal.

Une enquête menée par Ipsos.Digital révèle que près de la moitié des femmes françaises ont déjà ressenti une dette sexuelle. Dans 43% des cas, cette dette est ressentie dans le but de faire plaisir à leur partenaire. Cela souligne que la sexualité du couple n’est pas toujours synonyme de plaisir et d’épanouissement mutuel.

Une « logique de redevabilité » et l’asymétrie des rapports sociaux de genre

Le concept de dette sexuelle suscite l’intérêt des universitaires et a même fait l’objet d’un article dans le Journal des anthropologues en mai 2019. Les auteurs de cet article soulignent que la représentation de la sexualité féminine est souvent vue comme une dette de sexe, en réponse aux besoins impérieux des hommes.

Cette « logique de redevabilité » révèle une asymétrie dans les rapports sociaux de genre. Les jeunes femmes ont souvent tendance à accepter des activités sexuelles non désirées, non pas parce qu’elles ne savent pas dire « non », mais parce que la société impose la notion de « dette de sexe » aux femmes. Cette pression sociale crée un sentiment de redevabilité face aux attentes sexuelles des hommes.

Se poser les bonnes questions pour sortir de cette logique

Léa Séguin, doctorante en sexologie à l’Université du Québec à Montréal, met en lumière l’idée problématique que la sexualité est souvent perçue comme une ressource à donner, à perdre ou à voir prendre, plutôt qu’une activité basée sur le plaisir mutuel. Pour sortir de cette logique de la dette sexuelle, il est essentiel de se poser les bonnes questions.

Tout d’abord, il est important de se demander ce que l’on désire réellement. Suivre son propre désir et ses propres envies est primordial dans une relation sexuelle épanouissante.

Ensuite, il faut se demander si l’on agirait différemment si notre partenaire n’avait pas réalisé une activité sexuelle précise. Cette question permet de prendre conscience de l’influence de la dette sexuelle sur nos choix et comportements.

En se connectant véritablement à son corps et en identifiant ce qui nous procure réellement du plaisir, il est possible de sortir de la logique de la dette sexuelle et de construire une sexualité épanouissante et consentie.

Source :
Étude Ipsos.Digital pour Durex, réalisée du 16 au 18 Janvier 2024 auprès d’un échantillon de 3000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans à 75 ans constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle et de région de résidence – [lien vers l’étude]
Myrian Carbajal, Annamaria Colombo and Marc Tadorian, « Consentir à des expériences sexuelles sans en avoir envie », Journal des anthropologues, 156-157 | 2019, 197-218.

La rédaction Bestnews
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