Les acteurs économiques du football veulent le délocaliser même au risque de le déraciner
Le football, sport populaire par excellence, est devenu au fil des années un véritable enjeu économique. Les acteurs de l’industrie du football cherchent désormais à étendre leur influence et à conquérir de nouveaux marchés en délocalisant les compétitions. Toutefois, cette volonté de délocalisation comporte des risques importants pour le sport lui-même.
La déterritorialisation croissante des compétitions
Depuis plusieurs décennies, les compétitions de football s’exportent de plus en plus en dehors de leurs frontières traditionnelles. Par exemple, la Copa América, équivalent sud-américain de l’Euro, invite déjà des sélections membres de la confédération d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes. Des pays tels que le Japon et le Qatar ont même participé à cette compétition. Ces délocalisations visent à rayonner auprès de nouvelles audiences et à optimiser les droits de diffusion. Les clubs européens, quant à eux, organisent régulièrement des tournées estivales en Asie, en Amérique du Nord et au Moyen-Orient pour conquérir de nouveaux marchés.
Cependant, cette déterritorialisation croissante des compétitions soulève des questions sur l’essence même du football. Le sport, qui est souvent considéré comme un vecteur de paix et de rassemblement entre les peuples, semble perdre progressivement son ancrage territorial. Les compétitions se déroulent désormais sur des continents lointains, éloignés des supporters historiques. Cette tendance contribue-t-elle réellement à l’esprit du football qui vise à rapprocher les cultures ?
Les enjeux économiques prévalent sur les valeurs sportives
Derrière cette volonté de délocalisation se cachent des enjeux économiques considérables. Les ligues, les fédérations et les clubs cherchent avant tout à maximiser leurs revenus et à conquérir de nouveaux marchés. Les droits de diffusion, les contrats de sponsoring et les recettes des matchs sont autant de sources de revenus importantes pour les acteurs de l’industrie du football. Et la délocalisation des compétitions permet d’accéder à des marchés plus riches et potentiellement plus lucratifs.
Cependant, cette quête incessante de profits peut avoir des conséquences néfastes pour le sport lui-même. La proximité entre les clubs et leurs supporters historiques risque de se diluer, les stades se remplissant alors de spectateurs plus intéressés par l’événement sportif en lui-même que par l’équipe qui y participe. Par ailleurs, les traditions et la culture footballistique propres à chaque pays peuvent être mises de côté pour s’adapter aux exigences commerciales et logistiques de la délocalisation.
En fin de compte, la délocalisation du football représente un dilemme pour les acteurs économiques du sport. D’un côté, elle permet d’ouvrir de nouvelles opportunités financières et de conquérir de nouveaux publics. De l’autre côté, elle risque de déraciner le football de ses valeurs sportives et de se couper de ses supporters historiques. Il est donc essentiel de trouver un équilibre entre les enjeux économiques et les valeurs intrinsèques du sport afin de préserver l’essence même du football.